| Madame Christiane STEFANSKI Tout début des années 80. Bertrix, dans une pâture. Concert pour le tiers-monde. Ta chevelure tirant sur le rouge masque ton cou sur ton veston de cuir noir."Mes dents sont froides comme la neige, enfoncées dans ma langue blessée; en allant de Bretagne en Ardennes, qu'aurai-je fait d'autre que passer". J'ai branché mon petit enregistreur portable, tu continues. "J'ai laissé la fenêtre entr'ouverte, pour les chats et pour tous ses amis; y a du lait dans l'armoire verte, quelques tranches de pain de mie". Puis, à raison sentencieuse: "le monde est partout le même, les uns bronzent quand les autres suent; les uns mangent des choux à la crème, les autres du pain sans rien dessus". Puis, au final, tu te demandes si cela vaut la peine de se battre... Des années plus tard, juste après les premières fois des "P'tites Filles", on se revoit à Bruxelles, dans un beau petit endroit. Je te parle de mon enregistrement, tu n'en reviens pas, mais tu me dis "attention, ce n'est pas de moi, c'est de Bialek". On trinque aux retrouvailles. Ce fut magnifique ce soir là, comme... 30 ans auparavant. Qu'il fait triste ces jours-ci depuis que tu nous as quittés. Où es-tu ma belle? Peut-être que mon tout grand ami Julos est en train de parler avec toi? Je connais cette chanson par coeur, tu le savais, je l'ai entonnée, oui, des centaines de fois, et je continuerai. Avec sans doute de la brume dans les yeux, et peut-être même certaines fois, un peu de pluie. Ton sourire viendra les sécher. Nous avons vécu de réels petits moments de bonheur avec toi, c'était déjà des morceaux d'éternité. Chez nous, à Dinant ou en Provence, tu ne seras pas oubliée. Oh que non, que non...
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