| Monsieur Lucien MARSEU Lulu, c’est comme cela que je t’appelais.
Nous nous connaissons depuis le collège et sommes toujours restés amis et nous nous voyions régulièrement.
Durant la période au collège, nous faisions souvent nos devoirs ensemble chez mon grand-père à Maxéville et tu étais impressionné parce qu’il paraissait sévère.
Nous jouions souvent chez toi, au fond du jardin de tes parents 112 rue de la République à Maxéville. Là était le pas de tir de nos fusées en carton propulsées avec de la poudre de ta fabrication. Elles montaient assez haut ces fusées. Tu voulais toujours en faire de plus grosses et un jour, lors d’une balade à vélo, nous avons trouvé sur un champ de tir, une grenade à fusil. Notre intention était de la transformer en fusée ! Heureusement, nous n’en avons pas eu le temps.
Quand je mangeais chez toi, ta mère me faisait goûter des spécialités italiennes et je me souviens de la polenta qu’elle m’a fait découvrir.
Ton père m’intimidait avec sa grosse voix teintée d’un fort accent italien. Il était un travailleur infatigable et un moment sans emploi, mon père avait pu le faire embaucher dans l’entreprise où il travaillait en tant que métreur. Ton père lui en était particulièrement reconnaissant.
Tu venais aussi souvent à la maison, on faisait de belles balades à vélo.
Quand nous sommes allés au lycée, nous nous sommes moins vus, mais nous avons fait de beaux voyages avec ta mobylette orange et la mienne qui était bleue. Nous sommes allés visiter le Luxembourg avec nos cyclomoteurs bien chargés. Tu aimais démonter le moteur de ton engin et bricoler.
Plus âgés, nous avons tenté une randonnée autour du Mont Blanc. Tu n’hésitais pas à nous faire gravir des pentes très raides, des raccourcis disais-tu, alors que j’avais un horrible vertige. Sûrs de nos capacités, nous avions des sacs à dos très lourds (35 kg), ce qui fait qu’au fur et à mesure de notre parcours nous nous sommes allégés en déposant ce qui n’était pas indispensable dans des hôtels, pour les récupérer à la fin de la randonnée que nous avons écourté en raison du temps exécrable. Nous sommes rentrés à Nancy dans ta Fiat verte qui selon toi ne consommait rien, elle devait même produire du carburant tellement elle était économe !
Quand, ma famille et moi, nous sommes installés en Alsace, nous t’avons retrouvé avec Françoise et les enfants dont nous avons fait la connaissance. Nous avons passé de bons moments ensemble, à Prague, à Berlin, lors de fêtes, de repas en commun ou du nouvel an avec nos voisins et amis communs.
Nous avions également plaisir à nous retrouver le dimanche assez régulièrement tous les deux à la piscine, d’Erstein, d’Obernai ou les dernières fois aux bains municipaux de Strasbourg. On ne nageait pas beaucoup, on profitait des hammams, des saunas et tu étais seul ensuite à plonger dans l’eau glacée comme lorsque nous avions passé des vacances chez vous en Italie. On parlait de notre travail, de nos activités, de nos bricolages, de la famille, de tes passions, l’aviron, la moto, l’astronomie, la photo.
Je te taquinais parfois au sujet de ton âge en disant que tu es né un an avant moi. Je te considérais comme l’ancien même si en réalité tu as vu le jour moins de 3 mois avant moi. Malgré ce « grand âge », tu étais sportif, en forme physiquement, aussi ton départ brutal, nous a donc totalement bouleversé, tu nous manques déjà et nous pensons bien à Françoise, tes enfants, petits-enfants et proches.
Eric
|